Poèmes

Amis

par Jean de Bosschère

Amitié

Tout avait pris place,

J'avais aspiré l'air sans ordures ;

Quatre fois quatre ou d'autres,

Nous avions ordonné l'univers :

Un dessin sans bavures,

Et assis dans l'arbre sans puces,

Or lui, de paroles tordues,

Du feu, des jurons boueux,

Hurle les bras levés comme un saint,


Paix déchirée de ses mains sales, —

Dépravé qui accroche l'espace

Comblé par la nausée

Il ne m'est pas cher, et je veux le tuer,
Pour sauver mon cuir et mon destin ;
Mais je défends sa tragique griffe,
Dont la pâture est divinement moi
Adorant ses larmes,
Et je ne le tue point.

L'aimant alors broyant mes jours,
Démolissant avec la hache et la lime
Avec la foudre qu'il vomit
Avec l'urine et la semence de pourriture,
Lacérant avec la griffe que je polis
La vitre de mon univers,

L'adorant alors broyant mes jours,
Je baise ses mains pointues,
Accroupi dans son giron maigre,
Je vénère la lumière
Qu'il dit qu'il voit,
En crachant sur moi.

J'ai adoré cette lumière

Du crime des hommes,

En polissant les griffes de mon ami,

Tout amer et de glace noire.

Regardant avec amour
Entre ses côtes battre son cœur,
Je veux le tuer,
Accroupi dans son giron

Maintenant ouvrez les portes

Que l'on entre, me déchire et me prenne.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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