Compagnons je vais faire un poème qui conviendra il y aura en lui plus
de folie que de sagesse il sera tout mélangé d’amour et de joie de jeunesse
Et tenez pour paysan qui ne l’entend pas qui en son coeur volontiers
ne l’apprend il est dur de quitter l’aiftour à qui le trouve à son désir
J’ai deux chevaux pour ma selle c’est bien et bon -- ils sont bons et adroits
aux armes et vaillants mais je ne peux les garder l’un et l’autre car ils
ne se supportent pas
Si je pouvais les dompter comme je veux je n’en désirerais pas d’autres
dans mon équipement et je serais mieux monté que personne toute ma vie
L’un fut le plus rapide des montagnards mais il a montré dédain farouche
longuement il est si farouche et sauvage qu’il ne se laisse pas étriller
L’autre a été élevé là-bas près de Confolens et on n’en a jamais vu un
plus beau à mon avis je ne le changerai jamais ni pour or ni pour argent
Quand je l’ai donné à son seigneur c’était encore un poulain mais je me
suis gardé ce droit par convention qu’il le gardera une année mais
je l’aurai plus de cent
Chevaliers donnez-moi conseil car je doute jamais je ne fus plus perplexe
pour un choix je ne sais laquelle garder de N’Agnès ou de N’Arsen
De Gimel j’ai le château et le domaine et à cause de Niol je suis fier
devant tous car l’un et l’autre m’ont rendu hommage et juré par sacrement
Poème publié et mis à jour le: 25 October 2022