Poèmes

Aller ici, aller là

par Jean-Michel Bollet

Venir de Lifou, rester en Martinique
Où l’on devient fou quand la Martine nique
Mais ça vaut le coup si tu pars à Paris :
On te fait « coucou » ; moi, je n’y ai pas ri.

Hé, je suis allé à Chenecey-Buillon
En prenant l’allée où l’eau coule à bouillon ;
Sous sa tente était prostrée ma protestante
Car la Loue montante est vive à la détente.

Je fus dégoûté quand au sein de Saint Claude,
Je ne pus goûter la bonne reine-claude
Qui ne pousse pas sur les flancs du Ventoux
Où le vent nous vend la toux : on y vend tout.

J’ai gagné, d’Angers, la Belgique à Tournai
Ouverte au danger : je m’en suis retourné ;
Alors, j’ai marché entre Honfleur et Le Havre
Et sur un marché on vendait un cadavre.

Depuis Saint Mandé, j’ai poussé jusqu’à Lille
Où j’ai demandé à Martine l’asile
Qui m’a proposé une chambre à l’hôtel
Sans avoir usé de son charme mortel.

C’est en traversant sur le même versant
Un pré et un champ d’un vert bouleversant
Que je découvris un arbuste à myrtille
Ici depuis qu’on avait pris la Bastille.

Voulez-vous que je vous parle d’Angleterre
Qui ne reçut pas Childebert et Clotaire
Mais la visite de mon oncle Abélard
Pour y enseigner l’abécé du bel art ?

Il m’a contacté et m’a dit « mon neveu,
Sais-tu (avec tact) ce que la reine veut ? »
- Le tonnerre, en l’air, sur nos monts, tonton, tonne ;
Chez eux, sur leur sol, tonnent les rolling stones.

Alors, je me suis enfilé dans la Manche
Pour voir défiler le Channel un dimanche ;
Dans London, j’ai vu le biteul Mac Cartney :
« J’ai aussi Jagger, comme toi, dans le nez »

- Tu connais, donc, mon tonton, il t’a parlé ?
- Rien, ici ne se tait : on sait tout par les
Langues de serpent venus de votre France
Dont leur sifflement blessent notre ignorance.

Assez râlé, je vais, (je me laisse aller)
A Lérida, le temps de me dessaler.
J’abuserai du gazpacho à Tolède
Et j’userai une chaude pas trop laide.

Pendant un repos, j’ai rempli dans ma gourde
Une eau de crapaud (j’étais passé par Lourdes) ;
Je suis tombé mort-malade comme un veau ;
Dieu m’a précisé : ça, ce n’est pas nouveau.

Avant de rentrer sans avoir rencontré
L’Ibère excentrée qui ne m’a rien montré,
J’ai entendu que quand il tonne à Bayonne,
On est étonné car Tonnerre est à l’Yonne.

Après ce voyage et tous ces paysages,
Le mariage des pays fous, pays sages,
J’ai mixé le tout et j’ai avalé la
Boisson pour aller ici et aller là.

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