Poèmes

Vukovar

par Bernard Hreglich

En sentinelle avec tes griefs, tes chevaux endormis,

Ton corps maigre sous la tenue réglementaire,

La plaine à tes yeux devient indicible ;

Un monstrueux terrain de chasse obscur, inopportun ;

Pauvre exilé ayant perdu ses légendes et l'espoir de fuir

Ce paysage de lacs et de pièges ;

Tu n'es plus

Qu'un pantin revêtu des couleurs militaires, avec le

casque
Et le fusil, qui demeure selon l'humeur du temps
Aussi droit que possible, cherchant dans l'obscurité
Celui qui viendra te trancher la gorge, jeune homme
Comme toi mais plus vif et couvert de boue.

Avant la mort tu songes aux femmes qui pleureront,
Qui oublieront après cinq semaines sacrificielles
Le nom de ton père qui mourut sous la neige
Monténégrine, et le tien ; tu porteras
Un grand nombre de coups pour défendre
Vukovar
Avant de rejoindre cet exil où abondent les merveilles.
Mais nulle jeune fille pour répondre au chant de la fauvette.



Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012

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