Poèmes

Train de nuit

par Marcel Faure

Je ne parle à personne
Je me raconte
Je m’accuse
Je me disculpe
Je me motive
Je ne parle à personne
Je bruis de mes petits bonheurs
Furtivement mes doutes s’insinuent
Brutalement mes fautes me submergent
Et je m’endors chaque jour un peu plus
Certains me lisent mais je ne parle à personne.

Un peu de tout un peu de rien
Une douce nostalgie
Un vent continu régulier sort de ma poitrine
Pourtant je n’ai vécu que par intermittence
Quelques gouttes de rosées lorsque les mots me prennent
Soudain mes mains portent la terre
Et cela je ne le dis à personne
C’est mon secret
J’ai la tête en orbite
J’entends les débris de nos fêtes humaines
Les éclats de nos guerres
Et les cris des mourants.

Plus impuissant que le minéral
J’assiste impassible à la grande débâcle
Je ne parle à personne
Je m’accuse je me disculpe
Je suis las et je tremble
Et la terre craque au sommet de l’échelle de Richter
Je suis au carrefour des sentiments
Le pied coincé dans un aiguillage
Un train passe
Mes cordes vocales vibrent de tous les voyages
La nuit opaque
De loin en loin des gares avec des noms sonores
Et des correspondances
Autant de directions
Et je file tout droit.

Je me raconte je me motive
Sauter au risque de se briser les os
Du courage des mots au courage des actes
Je ne parle à personne
Et je hurle en silence.

08-2010

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