Poèmes

Testament

par Charles Dumas

Riches, en vérité, vous avez bien raison
De verrouiller le soir vos puissantes maisons,
Et toujours avisés, quand la grande nuit tombe,
Riches, vous faites bien de maçonner vos tombes.
Riches, je vous comprends. Encor que décharnés,
Princes, comtes, barons, gens de bien, vous craignez
En ce sombre séjour, les mauvaises manières,
Les propos déplacés, les façons familières
Des gueux qui pour dormir sous des tertres voisins,
Pourraient croire qu’ils sont quelque peu vos cousins ?
Et puis, si votre fosse était mal cimentée,
Les moellons mal taillés des quatre murs, disjoints —
Qui sait si succédant à vos filles de joie,
Aux cyniques catins dont vous étiez la proie,
Des racines pressant vos côtes tourmentées,
Dans leurs embrassements vous étoufferaient point ?
Voyez-vous que des lys ou des roses trémières
Vous volent vos écus pour leur cœur de lumière ?
Que des rats, mal nourris par les morts qui n’ont rien
Grignotent pour finir ce qui vous appartient ?
Non non, riches, je vous comprends. Chacun chez soi,
Pour toujours ! Le caveau, c’est plus sûr.
Quant à moi,

...

Extrait de: 
1906, L’Ombre et les Proies



Poème publié et mis à jour le: 13 August 2019

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top