Autour de moi planent le silence et la chaleur
comme un oiseau dans l’air incandescent
et sur la petite table noire
repose le napperon, léger comme une odeur.
Comme dans un rêve, le verre rempli d’eau claire défend
à la petite cloche près de lui de faire le moindre bruit
et attend, semble-t-il, les petits poissons.
Un oeillet alangui
rougeoie comme une reine.
Tout le silence paraît lui rendre hommage,
Seule une bouteille de vin moelleux le dévisage,
calme, étincelante, hautaine.
Mais lui, sur sa tige verte, tout léger, il frémit,
fin comme la robe d’un ange dans un rêve d’enfant,
avec un parfum doux, grisant qui étourdit,
comme pour ravir à son sommeil la Belle au bois dormant
Les fenêtres contemplent la rue, persuadées
que tout ne se fait que pour elles.
Dans le miroir éclatant une horloge fait tic tac,
au loin dans le village endormi chante le coq
les rideaux sont retenus part de bleues ficelles
L’oeillet rouge aux pointes fragiles et tendres
tend vers le rayon qui, à travers les fentes
L’a vêtu d’un habit de poudre dorée.
24 octobre 1939
Poème publié et mis à jour le: 10 January 2023