Poèmes

Chant de Désir

par Selma Meerbaum-Eisinger

Doucement, tu entonnes dans ton chant une musique
Et tu as l’impression qu’il manque quelque chose.
Et confusément tu cherches auprès de chaque note
Si par hasard elle pourrait te dire
Où l’on peut la trouver, où, quand, comment…
Mais la première est bien trop pâle
Et la seconde trop voluptueuse
Et la troisième trop pleine de lointain…
Bien trop pleine.

Longtemps tu cherches : bémol, dièse, bémol
Deviennent vivants sous tes doigts.
Et soudain tu frappes une touche
Mais il n’en sort aucun son.
Et le silence est comme un sarcasme assourdi,
Car tu le sais tout d’un coup :
C’est cette note qui te manque. Si tes doigts la trouvaient,
Alors s’évanouirait le sort de ta chanson,
Et la fin ne serait plus si vide, si grise.

Et tu frappes alors, frappes encore la touche,
Tu te demandes bien d’où vient ce coup d’arrêt,
Et tu cherches si ce n’est pas la moiteur de tes mains.
Tes yeux mendient, pleins de désir.
Aucune note ne vient, seule la solitude s’invite
Dans la chanson, qui te semble si lourde et a si bien mûri.

À cause de cette note non jouée tu auras éternellement peur,
Peur du bonheur qui ne t’a qu’à peine touché
Dans les nuits douces, lorsque la lune te berce
Et que le silence ne comprend pas tes larmes.

9 janvier 1941

Extrait de: 
Traduit par Marc Sagnol



Poème publié et mis à jour le: 10 January 2023

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