Poèmes

Qui Multiplicat Intellectum Multiplicat Affectionem

par Jacques Vallée des Barreaux

Mortels qui vous croyez, quand vous venez à naistre,

Obligez à
Nature, ô quelle trahison!

Se montrer un moment, pour jamais disparaître,

Et, pendant que l'on est, voir des maux à foison.

Tenant plus du néant que l'on ne fait de l'estre,

Je l'ay dit autrefois et bien moins en saison,

Estudions-nous plus à jouir qu'à connoistre,

Et nous servons des sens plus que de la raison.

D'un sommeil éternel la mort sera suivie.

J’entre dans le néant quand je sors de la vie.

O déplorable estat de ma condition!

Je renonce au bon sens, je hay l’intelligence :

D'autant plus que l'esprit s'élève en connaissance,

Mieux voit-il le sujet de son affliction.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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