Mortels qui vous croyez, quand vous venez à naistre,
Obligez à
Nature, ô quelle trahison!
Se montrer un moment, pour jamais disparaître,
Et, pendant que l'on est, voir des maux à foison.
Tenant plus du néant que l'on ne fait de l'estre,
Je l'ay dit autrefois et bien moins en saison,
Estudions-nous plus à jouir qu'à connoistre,
Et nous servons des sens plus que de la raison.
D'un sommeil éternel la mort sera suivie.
J’entre dans le néant quand je sors de la vie.
O déplorable estat de ma condition!
Je renonce au bon sens, je hay l’intelligence :
D'autant plus que l'esprit s'élève en connaissance,
Mieux voit-il le sujet de son affliction.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012