Berger du monde, clos les paupières funèbres
Des deux chiens d'Yama qui hantent les ténèbres.
Va, pars ! Suis le chemin antique des aïeux.
Ouvre sa tombe heureuse et qu'il s'endorme en elle,
O Terre du repos, douce aux hommes pieux !
Revêts-le de silence, ô Terre maternelle,
Et mets le long baiser de l'ombre sur ses yeux.
Que le Berger divin chasse les chiens robustes
Qui rôdent en hurlant sur la piste des justes !
Ne brûle point celui qui vécut sans remords.
Comme font l'oiseau noir, la fourmi, le reptile,
Ne le déchire point, ô Roi, ni ne le mords !
Mais plutôt, de ta gloire éclatante et subtile
Pénètre-le, Dieu clair, libérateur des Morts !
Berger du monde, apaise autour de lui les râles
Que poussent les gardiens du seuil, les deux chiens pâles.
Voici l'heure. Ton souffle au vent, ton oeil au feu !
O Libation sainte, arrose sa poussière.
Qu'elle s'unisse à tout dans le temps et le lieu !
Toi, Portion vivante, en un corps de lumière,
Remonte et prends la forme immortelle d'un Dieu !
Que le Berger divin comprime les mâchoires
Et détourne le flair des chiens expiatoires !
Le beurre frais, le pur Sôma, l'excellent miel,
Coulent pour les héros, les poètes, les sages.
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012