Poèmes

Pour une Nuit Hospitalière

par Yves Prié

(extraits)

Sombres liens

à reprendre jour après jour

Le désir opaque

s'échappe de toutes les failles

Le temps nous sera facile la saison s'enivre de lourdes cueillettes

Au geste rituel

qui s'arrondit au poids du fruit

répond un tremblement de l'air

*

J'ai le temps complice brunissant le fruit dans sa caresse
Est-ce l'enfance qui s'accomplit en cet instant

L'oeil furtif

surprend l'hirondelle à la pointe de son vol

Il y a dans la chute du soleil

l'écho d'une brûlure au ventre des femmes

Les saisons se nourrissent de cette connivence

Il y aura à nouveau l'épi de l'air

brisant la calotte de l'aube

Des moissons dans le silence se préparent

Nous nous laisserons surprendre

le plaisir en sera le prix

L'enfant veille dans la clarté
Mais sait que l'ombre tendue à l'angle des chambres guette la fleur des lampes

L'hiver exalte ses démons au rythme des tempêtes alors qu'une étoile fend le plomb d'un nuage

L'enfant ignore la mort fauve la sagesse serait de fermer les yeux et de l'oublier elle passe

comme l'aile basculant le ciel

Insomnie

À la porte étroite qui retient les fauves de l'ombre je ne demande ni sagesse ni halte parce que le jour dans son désir ne concède aucun répit

*

Tu t'étonnes de ce temps

uniforme

que le sommeil ne peut rompre

Le champ est nu après les moissons
Qu'importe le reflet d'une chambre dans la vitre

L'insomnie demeure — mémoire attentive —



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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