À la dérive du jour
Sur son radeau de papier
Il vogue
Chaque tristesse le chavire
Chaque mort le désole
Mais de son cadavre il s’en fiche
Car il meurt de chaque mot perdu
De chaque blessure du temps
Il ravaude il rafistole
Il soigne les écorchures
Il donne jusqu’à son gilet de sauvetage
Plaies de l’âme deuils d’étoile
Il écrit les hommes et la terre
Ce qu’ils ne sont pas
Ce qu’il n’est pas
Et la terre qui tourne en rond
Vaguement
Il fait le tour du vide
Pour mieux se cerner
La ligne brisée du jour se tend
Se tend
Le radeau se disloque
Le poète s’échoue au bord de la nuit
Désemparé
Quand s’allume le ver luisant
Petite loupiote qu’il suivra
Jusqu’à l’aube fleurie
Le jour d’amour dont il rêve
Que sans cesse il écrit
Le poète n’est pas de marbre
Mais de papier
Son cœur est un espace publique
Où se bousculent les émotions
Jusqu’à la pointe de sa plume
Le poète n’est pas un visage
Mais un but instable
Une humeur du vent
2016-08