Poèmes

Ombre

par Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire

Vous voilà de nouveau près de moi

Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre

L'olive du temps

Souvenirs qui n'en faites plus qu'un

Comme cent fourrures ne font qu'un manteau

Comme ces milliers de blessures ne font qu'un article

de journal
Apparence impalpable et sombre qui avez pris
La forme changeante de mon ombre
Un
Indien à l'affût pendant l'éternité
Ombre vous rampez près de moi
Mais vous ne m'entendez plus

Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante
Tandis que moi je vous entends je vous vois encore
Destinées

Ombre multiple que le soleil vous garde
Vous qui m'aimez assez pour ne jamais me quitter
Et qui dansez au soleil sans faire de poussière
Ombre encre du soleil Écriture de ma lumière
Caisson de regrets
Un dieu qui s'humilie



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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