(extrait)
longues longues les années mouillées de vent je touchais la dernière berge la dernière bouche bouches seules comme le miracle de l'origine
imbibées de sève et de ciel voix dans la chapelle un dieu reposait derrière la lourde porte labourait le jour ô cicatrices je viens pour m'arrêter
sur des sables adorés parmi des visages reconnus dévoration des derniers dieux chancelants de la
Crète deux bouches et deux tombeaux
je viens pour alléger la mémoire d'une morte sables qui forment les sables ô nuit qui laves l'âme infinie tels qu'épaule contre épaule nous
nous éveillons en de si vieux vaisseaux pauvre cœur chagrin baigné de pluie ainsi les choses infinies furent et au creux d'un mur
vois je mets nues mes mains sur des tombes humaines
univers en son abîme si proche des pavots noirs
où je crie sont dieux plus nombreux que dans l'histoire
ce sont les pas du soir dans la plus grande église désert des hommes ô berge où je repris ma marche peux-tu me reconnaître sous l'averse ah je disais
mésanges mouettes mésanges orph
elines est-ce vivre mais quelle histoire à suivre
les ailes d'anges douces-amères des pleurs collent
l'âme sur les lèvres ô clapotis des rencontres un pardon marque l'humain au flanc creusé ô navire murmurant pour les âmes secondes
les yeux redisent un fragile savoir dans de vagues jouets je vis un simulacre de larmes au front richesse ancienne de la rumeur d'une peine mais
à la prochaine heure sera une autre peine
sera un autre cri et une larve du vide
comme un séjour dans le cercle j'ai demandé le
souvenir et c'est plein de mutismes tout peut être
éloigné par le vent en un cœur errant
esi-ce mourir quand on arrache l'ombre d'un visage
dans une rue d'où émane un gaz automnal
est-ce mourir au-dessus des tombes des enfants
il est une barque blanche dans la nuit sainte qui vogue
yeux des morts ah yeux brisés chanson des yeux brisés repose voix de sœur qui doucement chut en neige de
signes ombres des noyés
ils n'ont plus de vêtements diurnes sur le chemin de vieux
jardins de vieux mouchoirs ferment leurs bouches et ma solitude fit un pas dit
Rilke et plus
encore avec la longue corniche des années chaque jour sur les yeux d'enfants s'abattent des éclats d'obus viens ai-je murmuré toi qui semblés étouffer quelqu'un
ô poignée d'ombre moi seul ne peux t'oublier j'ai
appris à reconnaître les pleurs d'un enfant parmi tous les autres quand bien même ils pleurent tous ensemble quand
bien même
nous pleurons tous ensemble j'entends une différence de solitude ah c'est une fin profonde en soi ô moi que
je crie fleurs que je cueillis quelque pierre qui me blesse encore
en moi est le goût du sang comme on a le goût du
gouffre mes bras fous ô ma tête existe-t-il un chant qui ne soit
pas chant de la mort des enfants existe-t-il une prière
qui ne soit pas une barque vide est-ce là le goût exact de la chose terre écoute tout fut massacré jusqu'à l'au-delà de la mer une immense fosse qu'emplissent des
papiers froissés
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012