Poèmes

Meliora

par Paul Verlaine

Paul Verlaine

Ô calme retrouvé dans la foi d'un enfant,
L'enfant par soi refait dix ans auparavant.

Dix ans de vice ancien et de vieille sottise
Revenus à la piste en une tête grise,

Dix ans.
Seigneur en
Croix ! d'un âge mûrissant
Menant son train honteux d'impur adolescent.

Parjure au vrai
Bonheur, réfractaire à la
Grâce !
Mais voici qu'on voudrait rebrousser sur sa trace :

ô la foi de l'enfant par soi refait jadis !

Perdue ? ô non, mon
Dieu, dans ces dix ans maudits.

Offensée, et c'est trop, c'est affreux, mais perdue, Ô non, mon
Dieu d'amour, et toute l'amour due,

Tout le respect, malgré l'offense de la chair,
Point de l'âme, aveuglée à ces lueurs d'enfer,

Le regret rédempteur, le remords qui délivre,
Ah ! du bon est resté dans ce cœur naguère ivre,

Dans cet esprit qui fut détourné, rien de plus,
Ah ! du bon a veillé dans ce sommeil perclus.

Tout le feu n'est pas mort dans cet amas de cendre.
Le vertige est passé d'infiniment descendre.

On voudrait rebrousser sur la trace d'antan,
C'est fini, non d'ouïr, mais d'écouter
Satan...

Ô la foi, la naïve et bonne certitude,

O progrès incessants dans la seule aime étude !

Ô la perfection jamais atteinte, mais

Et cet effort, précisément, l'aise et la paix.

Le vrai plaisir en attendant le
Bonheur même.
L'or monnayé, pourchas du
Diamant suprême.

Le petit sacrifice en quête du grand
But, Ô le
Vin éternel dont autrefois l'on but

Une goutte, et qu'il faudrait boire à pleine amphore !
Ah ! cette goutte au moins, pour, donc, la boire encore !



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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