Les Pas Brisés, Pierre Reverdy
Poèmes

Les Pas Brisés

par Pierre Reverdy

Pierre Reverdy

Quel monde

La foule descend des toits où brille la trace des pas

C'est une illumination de fête

Les arbres sont des lustres morts

Quelques figures de connaissance
Visages ovales visages ronds
Autrefois on se rencontra
Le monde est grand

On se serre la main au coin du carrefour

On rentre

Mais voilà — comment me rappeler sa figure —

Physionomie triste drôle d'allure

C'est le premier que j'ai connu que j'ai suivi

Une seule voiture contenait tout le monde
Et les chevaux ailés marchaient au pas
Le cocher ivre dort
Si la route était sûre

Par la portière une tête passe crie
Mais c'est un rêve et il n'a pas de voix
On va verser le péril est certain
Le temps est long

Quelqu'un suspend au ciel quelques étoiles
De temps en temps un fil se rompt
Faites un vceu une étincelle a brûlé mes cheveux
Une rue s'est formée peu à peu

Là-haut c'est la maison connue et qui m'abrite

Je voudrais m'échapper mais je ne suis pas seul

Le bruit me suit

Nous sommes entrés enfin et c'est la nuit

J'appelle le matin qui ouvre mes rideaux et me

réveille
Le soleil

Mais mes yeux sont éteints
Et il n'a pas d'oreilles



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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