Le premier instant du délire Prive de cent détails flatteurs : Un parterre, émaillé de fleurs, Force les yeux à l'inconstance ; Ébloui de tant de couleurs. On
distingue peu leur nuance. On y revient, on jouit mieux. L'habitude qu'on calomnie, Est un trésor pour les bons yeux : On examine, on apprécie, On sent tout, on donne la vie À
mille riens délicieux, Imaginés par le génie. Pour égayer le sérieux Qu'on reproche à la symétrie. C'est ce que j'éprouve, en ce jour. Je te vis, mon
âme ravie, Dans une abondance infinie De charmes, formés par l'amour. Ne saisit aucune partie. Aujourd'hui je sens, tour à tour. Se développer tous ces charmes ;
Tour à tour, je leur rends les armes.
L'ensemble m'avait ébloui,
Je pouvais craindre un peu d'ivresse ;
Par le détail, la crainte cesse.
Jamais l'amour le mieux senti
Ne fut plus loin de la faiblesse.
naît encore un second bien
De ce détail si raisonnable.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012