Poèmes

Le Visage Mortel

par Yves Bonnefoy

MortYves Bonnefoy

Le jour se penche sur le fleuve du passé.

Il cherche à ressaisir

Les armes tôt perdues,

Les joyaux de la mon enfaniine profonde.

Il n'ose pas savoir

S'il est vraiment le jour

Et s'il a droit d'aimer cette parole d'aube

Qui a troué pour lui la muraille du jour

Une torche est portée dans le jour gris.
Le léu déchire le jour.
Il y a que la transparence de la llamme
Amèrement nie le jour.

Il y a que la lampe brûlait bas,
Qu'elle penchait vers toi sa face grise,
Qu'elle tremblait, dans l'espace des arbres,
Comme un oiseau blessé chargé de mort. —
L'huile brisant aux ports de la mer cendreuse
Va-t-elle s'empourprer d'un dernier jour,
Le navire qui veut l'écume puis la rive
Paraîtra-t-il enfin sous l'étoile du jour ?

Ici la pierre est seule et d'âme vaste et grise
Et toi tu as marché sans que vienne le jour.



Poème publié et mis à jour le: 28 June 2019

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