À Hector de Saint-Denys Garneau, 1912-1943
Écoute petit homme
Sur les sentiers tortueux du vieux manoir
Le bruissement du vent dans les épinettes et pins gris
Le rugissement du torrent tourmenté de l’Ontaritzi
Assis en lotus sur le rocher massif et moussu
Ancré au milieu du ruisseau rageur
Le poète s’abreuve des humeurs et fureurs
De la crue ou de la criée de la rivière
Écoute petit homme
Du haut de la terrasse du vieux manoir
Le roulis de la grosse roue du moulin de jadis
Le crépitement du grain sur le séchoir d’antan
(La « chaufferie » aurait dit de Saint-Denys Garneau)
Assis accroupi sur ses talons face au chevalet
Braqué sur le petit pont entre deux pins parasols géants
Le poète immortalise sur sa toile l’Île d’en haut
Écoute petit homme
Le tintement de l’angélus du village
Le sifflotement criard du martin-pêcheur
Plongeant à vive allure
Fonçant comme l’éclair sur la carpe indolente
Assis sur les épervières et juliennes des dames
Le poète torturé et songeur jongle avec les mots
À l’ombre du vieux manoir ancestral Juchereau-Duchesnay