Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Porte sous les yeux sa lassitude
En sombres croissants de lune
Là où couve la braise mémorable
Des vaisseaux négriers
Que rallume le claquement des fouets
Autour des cuisses.
Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Sa tête frémissante de cheveux
Maintenant matés
Et lisses comme cuir qu’on a tant verni
Qu’ils brillent
Comme jais…
Si le jais pouvait lui faire une couronne.
La musique
De la trompette à ses lèvres
Est miel
Coulé dans le feu.
Le rythme
De la trompette à ses lèvres
Est extase
Exhalé d’antique désir…
Désir
Qui aspire à la lune
Quand sa lumière n’est qu’un projecteur
Au fond de ses yeux,
Désir
Qui aspire à la mer
Quand la mer n’est qu’un verre au comptoir
A la taille du nigaud.
Le Noir
La trompette à ses lèvres,
Dans son veston
Parfaitement boutonné
Ne sait pas
Sur quel motif la musique enfonce
Son aiguille hypodermique
Et le pénètre jusqu’à l’âme…
Mais doucement
Quand le chant monte de sa gorge,
Sa douleur mûrit
Et se change en note d’or.
Poème publié et mis à jour le: 16 September 2022