Poèmes

Le Squelette

par Paul Verlaine

Paul Verlaine

Deux reîtres saouls, courant les champs, virent parmi
La fange d'un fossé profond, une carcasse
Humaine dont la faim torve d'un loup fugace
Venait de disloquer l'ossature à demi.

La tête, intacte, avait un rictus ennemi
Qui nous attriste, nous énerve et nous agace.
Or, peu mystiques, nos capitaines
Fracasse
Songèrent (John
Falstaff lui-même en eût frémi)

Qu'ils avaient bu, que tout vin bu filtre et s'égoutte,
Et qu'en outre ce mort avec son chef béant
Ne serait pas fâché de boire aussi, sans doute.

Mais comme il ne faut pas insulter au
Néant,

Le squelette s'étant dressé sur son séant

Fit signe qu'ils pouvaient continuer leur route.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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