Analyse du Poème Le Pont Mirabeau d'Apollinaire
Le poème Le Pont Mirabeau a été publié par Guillaume Apollinaire pour la première fois en février 1912 dans la revue 'Les Soirées de Paris' qui était consacrée alors à la poésie, la littérature et l’art et qui mettait en évidence le lien interdisciplinaire qui existe depuis toujours entre les deux spécialités. Il a ensuite été repris en 1913 dans Alcools, un recueil de 55 poèmes où sont assemblés et choisis pour mémoriser ce qu'Apollinaire a choisi de retenir d'une oeuvre écrite sur une quinzaine d'années. Ce recueil figure parmi les livres de poésie les plus vendus, les plus lus et les plus appréciés de la poésie française. Beaucoup de ceux qui l'ont lu, entendu ou étudié l'ont qualifié de moderne et lyrique. Il y a beaucoup de tristesse dans ce texte et dans l'idée du passage de l'amour et du temps, aussi insondable que la rivière qui coule sous le pont. Mais il y existe aussi quelque chose de consolant dans la solidité résolue du pont, qui reste malgré les jours qui passent. Bien que la vie (et peut-être l'amour) soit transitoire, il reste encore de l'art - ce que nous créons et laissons derrière nous - qui est immortel. Lle pont dans ce poème représente le poème lui-même, le tableau, la symphonie, le bâtiment, la ville - que l'homme crée comme un drapeau de son expérience. Ce poème utilise l'image du pont orné enjambant la Seine pour explorer l'amour et le passage du temps. Depuis lors, sa renommée n'a jamais cessé de grandir: il a été même mis en musique dans une célèbre chanson largement reprise par Léo Ferré en 1953 puis transformée en arrangement choral par Lionel Daunais et interprétée par les Pogues. Une plaque commémorant les dernières lignes du texte se trouve désormais accroché au pied du pont.
Leur poème exprime l'intensité de l'amour et le passage du temps, en particulier les deux liés. Il mentionne son amante quand elle apparaît avec lui sur le pont, les mains liées, mais ce n'est peut-être qu'un simple souvenir du temps où ils étaient ensemble. Le ton général du poème est triste, laissant croire au lecteur qu'il regrette la perte de celle qu'il aimait. Le poème a souvent été lié à la rupture d'Apollinaire avec Marie Laurencin. Le refrain du poème est repris d'un manuscrit écrit pendant l'incarcération de l'auteur à la prison de la Santé du 7 septembre au 12 septembre 1911.
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Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Poème publié et mis à jour le: 07 June 2019