Poèmes

Le lièvre et la tortue, prise 2

par Guy Rancourt

À Anne Soutric

Messire Lièvre n’a jamais prisé sa cuisante défaite contre Madame Tortue, si bien racontée par Jean de La Fontaine. Aujourd’hui, il lance en pleine figure à Madame Tortue un nouveau défi : un match revanche sur longue distance. Départ, ici même, sur le tertre à Télesse jusqu’à la cascade du Ruisseau Murmureur en passant par la forêt Ours Grognon.
Les préparatifs vont bon train et tous les deux surveillent l’arbitre désigné Jeannot le renard qui hurle :
« Prêts, à vos marques, PARTEZ ! »
Messire Lièvre bondit en avant comme l’éclair et ricane de satisfaction dans sa barbe car l’affaire est dans la poche, se dit-il. De son côté, Madame Tortue s’élance lentement et péniblement sous sa lourde carapace. « Quelle torture tous ces concours », se dit-elle dépitée.
Quelle surprise de la voir essoufflée, épuisée et seule franchir en grande victorieuse le fil d’arrivée.
Que s’est-il donc passé ? Heureusement que le sage porc-épic Léo a tout vu ! Vu quoi ? Vu Messire Lièvre, croisé à l’orée de la forêt Léa, Lydia et Lisa, trois jolies femelles lièvres (hases) au blanc pelage, aux fines et longues oreilles avec des yeux ravageurs. Devant pareil spectacle, notre rapide et fringant coursier s’arrêta sur le champ et perdit la boule. Il s’évertua tant et tant à vouloir épater, enjôler et séduire ces trois beautés qu’il en oubliât les motifs de son odyssée, qui plus est, se payant même le luxe de s’égarer dans la dite forêt !
Voilà, vous savez tout sur ce drôle de match revanche où encore une fois de plus, Madame Tortue sortit vainqueure !

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