LE JOUR QUE L'ON VEUT SORT DE LA NUIT
Avec ce train qui ne va nulle part
Jouent avec entrain les feux qui filent …
Fixé dans le brut hasard qui s'y enfile
On voudrait voir se télescoper l'art
Et ainsi appareillerait l'ailleurs
Sur d'abracadabrantesques planètes
Où des flammes planeraient sur nos têtes
Sans avoir de Greenwich à planter l'heure
Pourrions-nous encore être partisans
Des aurores stupéfiantes et douces ?...
Mais le ciel lentement sort de sa housse
Dans son velours noir guettant le sang
Mais la nuit attend nous laissant un vœu :
Ah ! Combler cette absence de promesse
En épuisant de l'obscur la caresse
Pour vraiment bâtir le jour que l'on veut
Ils grillent : les lampadaires au pavé
Qui brille diamantaire phosphorescent …
Alors le carrefour pleure impuissant
Dessous tous les fauves que vous savez
Indicible jetée de l'océan :
Cette place vomit toute l'écume
Qui bat la ville de son amertume
Nous sentons son pouls sur notre céans
Notre planète et ses vertes nuées
Où respire ce pauvre air carbonite
La reconnaît-on quand des fers hésite
Le travail à séparer ses ruées
Comme s'il devait demeurer bien vain
D'empêcher que notre matin se saoule
Or nous sommes bien logés dans son monde
Et de l'aurore nous buvons le vin