Poèmes

Le Gel

par Emile Verhaeren

Emile Verhaeren

Ce soir, un grand ciel clair, surnaturel, abstrait.
Froid d'étoiles, infiniment inaccessible
A la prière humaine, un grand ciel clair paraît.
Il fige en son miroir l'éternité visible.

Le gel étreint cet infini d'argent et d'or.

Le gel étreint, les vents, la grève et le silence

Et les plaines et les plaines ; le gel qui mord

Les lointains bleus, où les astres pointent leur lance.

Silencieux, les bois, la mer et ce grand ciel
Et sa lueur immobile et dardante !
Et rien qui remuera cet ordre essentiel
Et ce règne de neige acerbe et corrodante.

Immutabilité totale.
On sent du fer

Et des étaux serrer son cœur morne et candide ;

Et la crainte saisit d'un immortel hiver

Et d'un grand
Dieu soudain, glacial et splendide.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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