Poèmes

Le chateau de Leucate

par Guy Hugues BELLEM

Le château de Leucate

Si tu viens à Leucate, oublie le port, la plage ;
Monte sur la colline où des pins parasols
T’offriront leur fraîcheur au-dessus du village
Et prends bien garde aux ruines qui jonchent le sol.
Si elles pouvaient parler, ces pierres friables
Te conteraient l’histoire du château médiéval
Théâtre d’horreur, de barbarie incroyable
Sur un seigneur au caractère magistral.

Nous sommes au temps des guerres de religion
Quand la Sainte Ligue ambitionnait le pouvoir.
Le château fort de Leucate a pour vocation
De garder la frontière aussi loin qu’on peut voir.

Quand son époux bien aimé parti en mission
Est fait prisonnier par les soldats de la Ligue,
Françoise de Cezelly, maîtresse des lieux
Et des terres alentours jusques aux garrigues,
Prend la tête de ses hommes, tous valeureux.
Son époux, Jean Antoine Bourcier du Barri
Lui avait confié, du château, la gouvernance
Connaissant sa fermeté en cas d’hourvari :
Les espagnols, très proches, inspiraient la méfiance.

Tous les officiers admirent son énergie :
Sur les remparts, tel un aigle dans ses envols,
Elle court, elle ordonne et coordonne, et prie
Résistant aux nombreux assauts des espagnols.

Un demi mois plus tard, l’ennemi qui piétine
Enrage. Un général espagnol tente, en vain,
De soudoyer du Barri pour qu’on en termine...
Enfin !... Ne parvenant toujours pas à ses fins
Le perfide espagnol crée une courte trêve
Invitant Françoise à convaincre son mari
De céder le château. La rencontre s’achève
Par des affrontements verbaux de Cezelly.
Elle sait que son époux, fidèle au roi de France,
Ira jusqu’au sacrifice par loyauté.
Après les adieux elle vacille de souffrance :
On la force à voir son mari exécuté
Sous ses yeux, à coups de hache ! La barbarie
N’avait jamais atteint un tel degré d’horreur !
Au château, Françoise arme son artillerie
Et vengeance au cœur élimine l’envahisseur !
Auparavant elle avait pu, par émissaires,
Récupérer le corps de son défunt mari
Afin que sa dépouille repose en ses terres ;
Elle fut longtemps vénérée des gens d’ici.

Voilà ce que ces pierres pourraient te conter,
Mais les vents soufflent parfois fort sur la colline,
Si fort que les souvenirs gravés dans ces ruines
Petit à petit ont tous été emportés…...

Guy Hugues BELLEM
dans le cadre des soirées poétiques au château de Leucate
24 août 2023
hourvari = grand tumulte

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