Poèmes

Le Charme du Vendredi Saint

par Paul Verlaine

Paul Verlaine

I

La cathédrale est grise admirablement,

Tandis que le jour luit adorablement

Et que les arbres sont verts tout doucement.

Les paysans sont naïfs et de province

Pour la plupart parents, dont la toilette grince,

De
Parisiens dont l'orgueil n'est pas mince

De les promener autour du fameux monument
Qui néanmoins froissant l'orgueil de leur village.
Semble à leurs yeux matois quelque chose qui ment
Et va, comme un peu vil, dans le sillage

Des bateaux-mouches d'ailleurs pleins abondamment

D'une clientèle amusante en diable

Qui file néanmoins, dévots irrémédiables.

Voir les autels déserts et les tombeaux décorés richement.

II

Le soleil fou de mars éveille encore un peu plus la verdure
Des fins arbres du quai bordant la beauté pure
Et forte de la cathédrale on dirait en guipure

De pierre, on croit, immémoriale et si dure !

Les cloches de la veille ont fui (leur âme, au moins.

S'est tue) et pendent, patients témoins

Muets jusqu'au samedi fier, où lentes sur les foins.

Enfin, elles reviennent (ou, du moins, leur âme
Planant sur les villes légères et les autres),
Et pendant leur voyage de miraculeux apôtres
A travers les humanités chastes et les infâmes,

Dans la nef désolée, où seulement les flammes
Des
Ténèbres sévèrement bien plus sur toutes autres.
S'affligent, grands ouverts, les tabernacles, âmes
Muettes, symbolisant l'attente immense des apôtres.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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