Poèmes

Le Cavalier Femme

par Max Jacob

Max Jacob

Feuilles d'années gisent mortes vivantes.

Qu'avais-tu fait dans toutes les saisons ?

Ennui folie, le désir qui se vante ?

Ennui folie et reste à la maison !

l'amant printemps et l'été doux à suivre

gouffres d'hiver aux pieds noirs et,poivrés. .

Qu'avais-tu fait dans toutes les saisons ?

Or ils m'ont dit «
Vous n'êtes pas le même ! »

Dieu pétrissant.
Il a repeint la gaine.

Les gens m'ont dit vous n'êtes pas d'ici

qui sait quel mot je saurais le mieux dire ?

«
Allez !» —
Je suis d'une contrée lointaine

Ah ! laissez-moi toucher les cheveux de la reine.

Sur ma sandale est tombée d'une main

terriblement parue au marbre dur

poignée de terre indiquant le destin

et sur ma tête enlevant toute joie.

Un cavalier de ferraille et de soie

chlamyde au vent sur un cheval d'airain

il était femme et du fer de sa lance

il m'a touché d'amour et d'épouvante.

Feuilles d'années gisent mortes vivantes.

Le monde entier noircit devant nos yeux.

Le cavalier c'était l'ange de
Dieu.

Celui qui m'a aimé celui qui m'aimera celui qui m'a aidé ?

Ta grâce ô
Dieu cica

elle rechampit mon corps

le paysage est comme une église

et les gens comme une musique suave.

Tirez-moi par vos rubans d'amour

au-dessus de la mer rose

je suis oiseau, je suis aviateur

je suis éclos dans une apothéose.

Pourquoi souhaiter l'argent

des gens ?
Pourquoi souhaiter l'amour

des boucs ?
Pourquoi souhaiter l'annuaire

de guerre ?
Pourquoi souhaiter la gloire

des pères ?
Pourquoi le voyage

des sages et même la détresse

des messes ?

C'est dans une île un parterre de roses une île bleue parmi les flots du
Rhin douze héros en défendent l'entrée.
Triomphez-en vous m'aurez en festin et de vos bras pourrez ceindre mes reins.
Là vous verrez fillettes couronnées dans la forêt s'ébattre avec les nains.
Panthères y sont ornées de rubans roses conduisant chars où chantent les ondins le lion y parle et la colombe y pose sur ses crins d'or des tentes de satin.

Dieu s'entend avec dame nature et les démons avec toutes vertus, la joie d'aimer n'est plus une torture on peut aimer sans perdre son salut.
Là demeurait la rose fleurissante auprès de l'éternelle source de la science science et sagesse y coulent à ruisseau le doux remède à sottise et des sots.

Chacun de vous, sachez-le

entre sa bouche et son ventre

porte un petit miroir d'argent

pour que les anges se regardent.

C'est un crime, un grand crime

de l'abîmer, de l'enfumer.

Si vous m'en croyez, prenez garde

jusqu'au jour de la mort

de ne pas le salir avec vos péchés.

Avec vos péchés vous le salirez.

Il y a des malheureuses qui sont comme des tuyaux de cheminée.

Prenez garde, car au
Jour du
Jugement

le
Seigneur jettera un coup de soleil

dessus et gare à qui ne sera pas propre

celle-là comme un calice de messe

ira du côté gauche

chapeau et coiffe et corset sabot et tout

et
Dieu ne s'occupera plus d'elle.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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