Poèmes

Le Brasier

par Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire

J'ai jeté dans le noble feu
Que je transporte et que j'adore
De vives mains et même feu
Ce
Passé ces têtes de morts
Flamme je fais ce que tu veux

Le galop soudain des étoiles
N'étant que ce qui deviendra
Se mêle au hennissement mâle
Des centaures dans leurs haras
Et des grand'plaintes végétales

Où sont ces têtes que j'avais
Où est le
Dieu de ma jeunesse
L'amour est devenu mauvais
Qu'au brasier les flammes renaissent
Mon âme au soleil se dévêt

Dans la plaine ont poussé des flammes
Nos cœurs pendent aux citronniers

Les têtes coupées qui m'acclament

Et les astres qui ont saigné

Ne sont que des têtes de femmes

Le fleuve épingle sur la ville
T'y fixe comme un vêtement
Partant à l'amphion docile
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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