Poèmes

L'Ancienne Gare de Cahors

par Valery Larbaud

Valery Larbaud

Voyageuse ! ô cosmopolite ! à présent

Désaffectée, rangée, retirée des affaires.

Un peu en retrait de la voie,

Vieille et rose au milieu des miracles du matin,

Avec ta marquise inutile

Tu étends au soleil des collines ton quai vide

(Ce quai qu'autrefois balayait

La robe d'air tourbillonnant des grands express)

Ton quai silencieux au bord d'une prairie,

Avec les portes toujours fermées de tes salles d'attente,

Dont la chaleur de l'été craquelé les volets...

O gare qui as vu tant d'adieux,

Tant de départs et tant de retours,

Gare, ô double porte ouverte sur l'immensité charmante

De la
Terre, où quelque part doit se trouver la joie de
Dieu

Comme une chose inattendue, éblouissante;

Désormais tu reposes et tu goûtes les saisons

Qui reviennent portant la brise ou le soleil, et tes pierres

Connaissent l'éclair froid des lézards; et le chatouillement

Des doigts légers du vent dans l'herbe où sont les rails

Rouges et rugueux de rouille,

Est ton seul visiteur.

L'ébranlement des trains no te caresse plus :

Ils passent loin de toi sans s'arrêter sur ta pelouse,

Et te laissent à ta paix bucolique, ô gare enfin

tranquille
Au cœur frais de la
France.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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