Poèmes

La Synagogue

par Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire

Ottomar
Scholem et
Abraham
Lœweren
Coiffés de feutres verts le matin du sabbat
Vont à la synagogue en longeant le
Rhin
Et les coteaux où les vignes rougissent là-bas

Ils se disputent et crient des choses qu'on ose à peine

traduire
Bâtard conçu pendant les règles ou
Que le diable entre

dans ton père
Le vieux
Rhin soulève sa face ruisselante et se détourne

pour sourire
Ottomar
Scholem et
Abraham
Lœweren sont en colère

Parce que pendant le sabbat on ne doit pas fumer
Tandis que les chrétiens passent avec des cigares allumés
Et parce qu'Ottomar et
Abraham aiment tous deux
Lia aux yeux de brebis et dont le ventre avance un peu

Pourtant tout à l'heure dans la synagogue l'un après

l'autre
Ils baiseront la thora en soulevant leur beau chapeau
Parmi les feuillards de la fête des cabanes
Ottomar en chantant sourira à
Abraham

Us déchanteront sans mesure et les voix graves des

hommes
Feront gémir un
Léviathan au fond du
Rhin comme

une voix d'automne
Et dans la synagogue pleine de chapeaux on agitera

les loulabim



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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