L’aéroport d’Athènes nous répartit dans les aéroports.
Le combattant a dit : où combattrai-je ?
Une femme enceinte lui a crié : où t’offrirai-je ton enfant ?
Le fonctionnaire a dit : où ferai-je des affaires ?
L’intellectuel a rétorqué : c’est ton affaire.
Les douaniers ont demandé : d’où êtes-vous ?
Nous avons répondu : de la mer.
Ils ont demandé : où allez-vous ?
Nous avons répondu : à la mer.
Ils ont demandé : votre adresse ?
Une femme de notre groupe a répondu :
mon village, c’est mon baluchon.
A l’aéroport d’Athènes, nous avons attendu des années.
Un jeune homme a épousé une jeune fille
et ils n’ont pas trouvé de chambre pour consommer rapidement le mariage.
Il s’est demandé : où vais-je la déflorer ?
Nous avons ri et lui avons dit :
cette question n’a pas lieu d’être, jeune homme.
L’analyste a dit : ils meurent pour ne pas mourir.
Ils meurent par hasard.
L’homme de lettres a dit : notre camp va sûrement tomber.
Que veulent-ils de nous ?
Chaque jour, l’aéroport d’Athènes changeait d’habitants.
Et nous, nous sommes restés comme des bancs sur les bancs, à attendre la mer,
pour combien d’années,
ô aéroport d’Athènes !
Poème publié et mis à jour le: 02 April 2023