Poèmes

Jusques a Tant que Je le Reverray

par Christine de Pisan

Se j'ay le cuer dolent je n'en puis mais,

Car mon ami s'en vait en
Angleterre,

Ne je ne sçay quant le reverray mais

Le bel et bon qui mon cuer tient en serre;

Car entre luy et moy ara grant barre;

Mais jamais jour joye ne bien n'aray,

Jusques a tant que je le reverray.

Et quant je pense a ses gracieux fais

Doulz et plaisans, trop fort le cuer me serre;

Et comment pour morir, certes, jamais

Ne me courçast, et ou pourroye querre

Nul plus plaisant? or vueil je
Dieu requerre

Qui le convoit; mais dolente seray,

Jusques a tant que je le reverray.

Or est mon cuer chargié de pesant fais,

Dont plains et plours me feront dure guerre;

Et en lui seul seront tous mes regrais;

Car je l'aim plus que riens qui soit sus terre.

Si convendra que le renvoye querre,

Ou a douleur et meschief languiray,

Jusques a tant que je le reverray.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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