Poèmes

Jean-Baptiste Décolle

par Géo Norge

Norge

Le
Corps :

Que suis-je, où est ma vie ?
Et quel acier résonne

Lointain, qui m'a tranché comme un fût de colonne

Où vont se durcissant des mirages bourbeux ?

Mes bras cherchent en vain la clarté de mes yeux.

Désir, anime-toi d'une si forte veille

Que je parle sans bouche, écoute sans oreille !

Je n'ai plus que des mains pour prendre un ciel d'été

Et le donner à boire au cœur qui m'est resté.

Si je fus une torche, oh, ma flamme est partie.

Si je fus une vigne, oh, ma grappe est cueillie.

Je fais un rêve en suie et deviens un château

Dont la foudre a fauché la tour et les oiseaux ;

J'erre sur la pâleur des dernières vigiles

Comme un sable étouffant une sableuse ville.

La
Tête :

Vas-tu te taire à la fin,

Bavard de la carotide,

Tu distrais le goût du vin

Qui fuit ma langue rigide.

J'ai trois syllabes encor

Au fond d'un tympan discord

Et je serre la mâchoire

Sur un chiffon de mémoire

Où fondent flûte et raison.

Moi, tête de venaison

Sur le plateau de bombance,

D'un œil mi-clos et brumeux

J'épie encore la danse

D'une fille au ventre heureux.
J'attends pour fermer ma bouche
Qui sait déjà plaire aux mouches
Ce baiser d'ombre et de sang
Que je n'ai pas eu vivant.



Poème publié et mis à jour le: 29 June 2019

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