Ne me regardez pas comme la grêle après la neige
Je suis de vous
Une infime vous
Et nulle part où aller sans vous emporter
En moi autour de mes peurs
Par delà mes souvenirs broyés entre vos dents
Ne me regardez pas comme la pluie sur le désert
Larme du ciel supplié
Ma chair a le goût de vos lois
Mes yeux ressemblent à votre horizon
Et je suis de vous pareille
En mille morceaux comme vous
Éparpillée sur la route du talion
Regardez moi cueillir les épines de l’amer
De mes mains nouées aux vôtres
Par le sceau des secrets
Mon dos sous vos jougs lacéré
Se lapide lui-même du péché
Et nulle part où aller sans vous emporter
En moi autour de mon cœur
Par delà mes espoirs
De balbutiements en finitude
Je suis de vous
Rien que de vous
Aimez ce qui est vous
Étrange et étranger
Qui sent l’odeur des vents millénaires et d’autrui
Emportez moi chez vous
Ce sera toujours chez moi
Ouvrez moi
Ouvrez vos yeux à ma nuit fatiguée
A mes jours sans raison
A mes heures sacrifiées
Égrenez les prénoms
Vous reconnaîtrez le mien
Parmi les livres empilés
Le livre de l’arbre vous le dira
Je suis de vous
Une infime vous
Et nulle part où aller sans vous pleurer
De toute mon absence
Mon bâton et ma boussole
Pleureront sur vos tombes
Quand ils trouveront mon nom
Sous les vôtres
Ouvrez moi
Ouvrez vos mains au retour des vagues
Qui vous confieront tous les exils
De vous
Ouvrez le vent et les nuages
Aux étoiles brisées
Contre vos remparts obscurs
Laissez passer la brume de l’instant
Laisser passer la rosée de demain
Ouvrez moi.
Ce poème est finaliste et lauréat du prix de la 3ème édition du Prix International de Poésie Léopold S.Senghor 2017