J’ai marché dans l’effroi
Je suis allée dans le froid des cryptes
j’ai marché dans l’effroi
le froid, le froid, les grands froids
j’ai cogné sur tous les murs
sondé les vides et les creux
pratiqué des ouvertures
me suis cachée dans les murs
j’ai circulé entre deux parois
me suis coulée dans ma proie
troubadoure du Luxembourg
reine de cœur en robe de pierre
je regarde passer la vie
les promeneurs et les poneys
en ce parfait immobile dimanche
d’Île-de-France
d’impossibles beautés bleues
accrochées dans tes grands yeux
de poète visionnaire
tu embrasses la vie entière
silencieux cimeterre
guerrier roide et délicieux
infernal duc des grandes terres
botté casqué comme un dieu
à cheval sur tous les temps
calculateur et froid de vent
la voix du vent poète, la voix du vent
bouche grande ouverte aux portes du temps, poète
ma viole d’amour dans les bras
je chante la nuit qui tombe
le voile de l’oubli nous engloutit
dans les plis d’une autre vie
la poésie reste, cependant poète
la poésie
Poème publié et mis à jour le: 18 October 2022