À André Borel.
Pauvre bougre!
JULES JANIN.
Là dans ce sentier creux, promenoir solitaire De mon
clandestin mal, Je viens tout souffreteux, et je me couche à
terre Comme un brute animal.
Je viens couver ma faim, la tête sur la pierre, Appeler le
sommeil.
Pour étancher un peu ma brûlante paupière;
Je viens user mon écot de soleil !
Là-bas dans la cité, l’avarice sordide Des chefs sur tout
champart : Au mouton-peuple on vend le soleil et le vide;
J’ai payé, j’ai ma part!
Mais sur tous, tous égaux devant toi, soleil juste, Tu verses
tes rayons, Qui ne sont pas plus doux au front d’un Sire
auguste,
Qu’au sale front d’une gueuse en haillons.
Poème publié et mis à jour le: 28 April 2023