est-il aveugle est-il muet
cet homme de peine
dont les yeux grands ouverts
sont figés
et la bouche silencieuse
béante encore d'avoir osé peut-être
le blasphème : cri ou plainte
simple parole égarée devant le maître ?
inquiétude nouvelle de mutilé ? (il est privé de son bras droit sans doute pour avoir été brutalement retiré de la terre simple et frêle figurine d'argile
enfouie jadis près du maître mort parmi les hommes et les dieux parents serviteurs esclaves objets nécessaires aux défunts pour traverser le vide perpétuer la
vie)
on vient à peine de l'exhumer il est couvert de poussière comme s'il avait au tombeau
poursuivi sa tâche d'habitude trimé dur jusque dans la mort
que veut-il savoir ?
petit homme d'argile seul et nu
jeté là dans le paysage vide
absolument vide d'outils
de récolte de vie
vide de tout compagnon
comment ne pas s'étonner d'être là?
de nouveau sous le soleil ?
à quelle tâche voué ?
invisible et seul parmi les invisibles ?
devant quel maître implacable
encore innommé?
seul et nu
dans l'abîme du cri retenu
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012