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Les hommes reverront les dieux venir en terre,
Le ciel, sans plus s'armer d'un grommelant tonnerre,
Sans plus faire la grêle et la neige couler,
Fera dessur les champs la manne distiller.
Les pins, vieux compagnons des plus hautes
montagnes,
En navires creusés ne verront les campagnes
De
Neptune venteux : car sans voguer si loin
La terre produira toute chose, sans soin,
Mère qui ne sera comme devant férue
De râteaux aiguisés ni de soc de charrue.
Car les champs, de leur gré, sans taureaux mugissant
Sous le joug, se verront de froment jaunissant.
Les moissons n'auront peur des faucilles voûtées,
Ni l'arbre de
Bacchus des serpettes dentées.
Car toujours par les prés l'ondoyant ruisselet
Ira coulant de vin, de nectar et de lait.
Le miel distillera de l'écorce des chênes
Et les roses croîtront sur les branches des frênes.
Le bélier, en paissant au milieu d'un pré vert,
Se verra tout le dos d'écarlate couvert,
De pourpre l'agnelet, et la barbe des chèvres
Deviendra fine soie à l'entour de leurs lèvres,
Les cornes de taureaux de perles, et encor
Le rude poil des boucs jaunira de fin or.
Bref, tout sera changé, et le monde difforme
Des vices d'aujourd'hui prendra nouvelle forme...
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012