Effeuillage
Comme la feuille choit avec lente élégance
En tombant de son arbre et qu'elle se balance
Sous la vague invisible et légère d'un vent
Qui charrie un parfum subtile d'Orient,
J'imagine ta robe au rouge de garance
Descendre lentement tandis que ton corps danse.
Elle vient se poser si délicatement
À tes pieds qu'ils la caressent fiévreusement.
Ton nombril aéré suit le rythme des hanches
Et comme deux feuilles qui tombent de leurs branches
Tes bonnets rouges en dentelles, dégrafés
Par l'invisible main d'un elfe insatisfait
Libèrent deux tétons heureux d'être dehors.
La musique commence à habiller ton corps.
Tes gracieuses mains aux ongles cerise
Répandent autour de toi une senteur exquise,
Et dessinent dans l'air en forme d'arabesque
Des volutes pour ton effeuillage burlesque.
J'imagine un public enchanté, captivé,
Que ta danse hypnotisante fait saliver
Sous les yeux projecteurs de mil regards béats,
Dans le rythme des mains qui scandent "Maria!",
En espérant que tu vas bientôt finir nue
Au point de redonner aux aveugles la vue!
C'est l'heure de volupté où le vent se glisse
Pour décoiffer le tissu qui couvrait tes cuisses:
Le rideau de la porte du paradis saute
(Ce triangle que le peuple appelle "culotte");
Et puis l'oeil de ton nombril regarde sourire
Ton rictus vertical que le public admire.
Tout s'est passé très vite, une seconde alors,
Même peut-être moins (parfois je perds le nord)
Le temps de te couvrir pendant que l'on t'acclame
Pfft! L'effeuillage sur scène était ton hologramme...