Poèmes

Discours des Misères de ce Temps

par Pierre de Ronsard

...
Vous,
Reine, dont l'esprit se repaît quelquefois
De lire et d'écouter l'histoire des
François,
Vous savez, en voyant tant de faits mémorables,
Que les siècles passés ne furent pas semblables.
Un tel roi fut cruel, l'autre ne le fut pas,
L'ambition d'un tel causa mille débats,
Un tel fut ignorant, l'autre prudent et sage,
L'autre n'eut point de cœur, l'autre -trop de centrage :
Tels que furent les rois, tels furent les sujets,
Car les rois sont toujours des peuples les objets.
Il faut donc dès jeunesse instruire bien un prince,
Afin qu'avec prudence il tienne sa province.
Il faut premièrement qu'il ait devant les yeux
La crainte d'un seul
Dieu, qu'il soit dévotievx
Vers l'Eglise approuvée, et que point il ne change
La foi de ses aïeux pour en prendre une étrange :
Ainsi que nous voyons instruire notre roi,
Qui par votre vertu n'a point changé de loi.
Las !
Madame, en ce temps que le cruel orage
Menace les
Français d'un si piteux naufrage,
Que la grêle et la pluie, et la fureur des
Cieux
Ont irrité la mer de vents séditieux,
Et que l'Astre
Jumeau ne daigne plus reluire,

Prenez le gouvernail de ce pauvre navire,

Et malgré la tempête et le cruel effort

De la mer et des vents, conduisez-le à bon port...



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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