De votre chair

Étranges voyageurs qui ne visitent rien qu’eux mêmes
Vous êtes cent pays
Et vous êtes sans nom
Votre peau sent les îles
Douceur d’oranges fureur d’épices
Et vos bras sont des branches
Où souvent je me pose

Sillon après sillon dans le terreau des mots
Je suis des traces
Dans le frisson des pages que l’on tourne
Le doigt mouillé l’œil humide
L’étrange sentiment d’être de vos vassaux
D’être de votre chair
Comme vous apatride

Sans port sans stèle sans attache
Passagers clandestins
Ermites des bas-fonds ou côtoyant les anges
Entre le ciel et l’eau entre les heures du jour
Vous déliez les nœuds pour faire gicler le jus
Qu’un fol envi de Moi emprisonnait

2016-01