Le temps n’est pas si loin où je courais parmi
Les herbes qui coupaient mes jambes déjà dures.
D’entre tous les sapins, j'avais un arbre ami
Qui me servait d’abri pour déguster les mûres
Ce temps enfui ne s’est peut-être qu’endormi
Somnolent les vergers les sentiers cabossés
Le barrage au ruisseau clair de terre et de pierre
les cabanes feuillues aux chênes écorcés
La vache sonnant sa clarine la première
Ces temps sont-ils allés rouler dans les fossés
L’azalée était la reine du monde ancien
Et le long pont de bois noir enjambait le fleuve
La biche avait son coin discret le daim le sien
Et se retrouvaient à la source qui abreuve
La ronce de l’allée n’était pas signalée
La forêt avait des poumons emplis d’odeurs
Flottant dans la lenteur d’élégantes fougères
Dont l’exquise fraîcheur excitait les ardeurs
Des espèces venues de contrées étrangères
Les cent mille senteurs attiraient les rôdeurs
Le matin est venu dès l’aube pour nous voir
Et la nuit attendit que le regard se ferme
Le bovin est le même autour de l’abreuvoir
Et attend la lente remontée vers la ferme
Et le thème est toujours est-il quelqu’un qui m’aime
La genèse était là bien avant l’éléphant
Et la planète souffle après sa longue course
Si un homme mûr fut un tout petit enfant
Le fleuve dans la mer est fidèle à sa source
L’harmonie se ressource au ciel dans la grande ourse
Le début et la fin sont deux épis liés
Le feuillage du frêne est terne sans racine
Le tronc des grands sapins constitue les piliers
Du temple soutenant la nature assassine
Ces temps estropiés ont peut-être plié
Nombreux sont les maillons d’une grande entité
Accrochés au présent quand le passé recule
l’Histoire et la mémoire ont une identité
Préparant les humains à des conflits d’Hercule
Et si la qualité tuait la quantité
On peut avoir assez des pourfendeurs d’hier
Qui moquaient agacés les aigris nostalgiques
Depuis l’antiquité on sait qu’après l’hiver
Les gelées de l’été nuisent aux névralgiques
Le vieux dieu Jupiter serait-il de nous fier ?