Poèmes

Cybèle Découvre Qu'atys N'est Plus un Enfant

par François Mauriac

François Mauriac

Je dormais.
Mars gonflait les durs bourgeons gluants.

Le jaune des crocus tachait les prés acides.

Les ornières luisaient noire.
Les arbres vides

Étendaient leurs doigts nus sur l'azur du néant.

J'eus froid.
Je m'éveillai.
Mon argile meurtrie

Tressaillit sous le choc d'un galop furieux.

De lourds sabots frappaient les chemins pleins de pluie

Et jetaient de la boue à la face des dieux.

Atys parut serrant de ses cuisses dorées

Un court cheval hirsute, humide et blanchissant

De l'écume et du sel que laissent les marées.

Nu sur le cheval nu, je vis passer l'enfant

Et fis pleuvoir sur lui les branches sans feuillage.

Mais lui riait, couvert de ce léger pelage

Dont la flamme montant du ventre jusqu'au cœur

Embrasait tout son corps d'une fauve lueur.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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