Croyez-vous que c’est le printemps
Qui donne aux filles de vingt ans
Des roses sur leur frais visage
De la rosée sur leur front blanc
Du soleil dans leur cœur tremblant
De ne pas pouvoir rester sage
Le printemps n’a rien de l’hiver
Qui endort en terre le ver
Et fige le sang dans l’artère
En mordant de ses dents de froid
Les garçons dont le grand effroi
Est de vivre une vie austère
Privée des filles de vingt ans
Qui attendent que le printemps
Pose ses roses sur leur joue
Des rosées au front des garçons
Du soleil qui fond les glaçons
Des cœurs pour que chaque cœur joue
C’est maintenant c’est la saison
Le monde sort de sa maison
L’œil jaune et rond du soleil brille
Sur la jonquille et le buisson
Et dans les yeux du polisson
Fouillant les appas d’une fille
Le thermomètre a des degrés
Qu’il a montés de très bon gré
Pour que s’effectue le passage
Des corps endormis réveillés
Qui dans l’hiver furent veillés
Par un petit furet pas sage
Qui a montré son bout de nez
Dès que le printemps a donné
Des roses sur tous les visages
De la rosée sur les fronts blancs
Et des bains de soleil troublant
Le sang des enfants aux vies sages.