Il avait nom
Corne d'Aurochs, ô gué ô gué
Tout le monde peut pas s'appeler
Durand, ô gué ô gué.
En le regardant avec un œil de poète,
On aurait pu croire à son frontal de prophète,
Qu'il avait les grandes eaux de
Versailles dans la tête,
Corne d'Aurochs.
Mais que le bon
Dieu lui pardonne, ô gué ô gué
C'étaient celles du robinet ! ô gué ô gué.
On aurait pu croire en 1' voyant penché sur l'onde,
Qu'il se plongeait dans des méditations profondes,
Sur l'aspect fugitif des choses de ce monde,
Corne d'Aurochs.
C'était hélas pour s'assurer, ô gué ô gué
Qu' le vent n' l'avait pas décoiffé, ô gué ô gué.
Il proclamait à son de trompe à tous les carrefours «
Il n'y a qu' les imbéciles qui sachent bien faire
[l'amour,
La virtuosité c'est une affaire de balourds »,
Corne d'Aurochs.
Il potassait à la chandelle ô gué ô gué
Des traités de maintien sexuel, ô gué ô gué
Et sur les femmes nues des musées, ô gué ô gué
Faisait
F brouillon de ses baisers, ô gué ô gué.
Et bientôt petit à petit, ô gué ô gué
On a tout su, tout su de lui ô gué ô gué.
On a su qu'il était enfant de la
Patrie,
Qu'il était incapable de risquer sa vie
Pour cueillir un myosotis à une fille,
Corne d'Aurochs.
Qu'il avait un p'tit cousin, ô gué ô gué
Haut placé chez les argousins, ô gué ô gué
Et que les jours de pénurie, ô gué ô gué
II prenait ses repas chez lui, ô gué ô gué.
C'est même en revenant d' chez cet antipathique
Qu'il tomba victime d'une indigestion critique
Et refusa
F secours de la thérapeutique
Corne d'Aurochs.
Parce que c'était à un
Allemand, ô gué ô gué
Qu'on devait le médicament ô gué ô gué
Il rendit comme il put son âme machinale
Et sa vie n'ayant pas été originale
L'Etat lui fit des funérailles nationales,
Corne d'Aurochs.
Alors sa veuve en gémissant, ô gué ô gué
Coucha avec son remplaçant, ô gué ô gué.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012