Poèmes

Cleopatre

par Théodore de Banville

Dans la nuit brûlante où la plainte continue

Du fleuve pleure, avec son grand peuple éternel

De dieux, le palais, rêve effroyable et réel,

Se dresse, et les sphinx noirs songent dans l'avenue.

La blanche lune, au haut de son vol parvenue,
Baignant les escaliers élancés en plein ciel,
Baise un lit rose où, dans l'éclat surnaturel
De sa divinité, dort
Cléopâtre nue.

Et tandis qu'elle dort, délices et bourreau
Du monde, un dieu de jaspe à tête de taureau
Se penche, et voit son sein où la clarté se pose.

Sur ce sein, tous les feux dans son sang recelés
Etincellent, montrant leur braise ardente et rose,
Et l'idole de jaspe en a les yeux brûlés.

Septembre 1865



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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