Poèmes

Ce que le Poete se Disait en 1848

par Victor Hugo

Victor Hugo

Tu ne dois pas chercher le pouvoir, tu dois faire

Ton œuvre ailleurs; tu dois, esprit d'une autre sphère.

Devant l'occasion reculer chastement.

De la pensée en deuil doux et sévère amant,

Compris ou dédaigné des hommes, tu dois être

Pâtre pour les garder et pour les bénir prêtre.

Lorsque les citoyens, par la misère aigris.

Fils de la même
France et du même
Paris,

S'égorgent2; quand, sinistre, et soudain apparue,

La morne barricade au coin de chaque rue

Monte et vomit la mort de partout à la fois.

Tu dois y courir seul et désarmé3 ; tu dois

Dans cette guerre impie, abominable, infâme.

Présenter ta poitrine et répandre ton âme.

Parler, prier, sauver les faibles et les forts.

Sourire à la mitraille et pleurer sur les morts;

Puis remonter tranquille à ta place isolée,

Kt là. défendre, au sein de l'ardente assemblée,

Et ceux qu'on veut proscrire et ceux qu'on croit juger4,

Renverser 1 échalaud, servir et protéger

L'ordre et la paix qu'ébranle un parti téméraire.

Nos soldats trop aisés à tromper, et ton frère.

Le pauvre homme du peuple aux cabanons jeté.

Et les lois, et la triste et fière liberté!

Consoler, dans ces jours d'anxiété funeste,

L'art divin qui frissonne et pleure, et pour le reste

Attendre le moment suprême et décisif.

Ton rôle est d'avertir et de rester pensif.

Paris.
Juillet 1848.



Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012

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