Beugle poète
Beugle
Ton mal de mots
Ton cri n’a rien d’un couteau
Plutôt corne de brume
Ou râle d’agonie
Tu défenestres ta pensée
Elle s’étale sanglante au dessus de ton nom
Tes romances à Lloydia
Tes lais de reines
Tes odes à la beauté du jour
Tes espoirs insensés d’une verte vallée
Tes colères avec fleur au fusil
Ton poing levé cependant désarmé
Ton adolescence acharnée
Ton enfance enjuponnée de mère
Tout cela serait-il vain
Beugle poète
Beugle
Ta chair
Cette matière à rêves
Trouvera bien l’écho d’une chanson
Ton temps n’est pas finit
Il n’est pas l’heure de fleurir le goudron
Tes comptines picorent dans la main des étoiles
Ton hydre a des milliards de mots
Ton sexe mugit comme un taureau
Dressé sur ton noir pavillon
Espèce de zig
Râpeux comme un écouvillon
Tu as toujours la douceur de l’agneau.
Beugle poète
Beugle
Et pleure aussi
La bêtise qui s’explose
Celle que l’on exploite
La souffrance des hommes
Le chant désespéré des victimes
Le cri de bêtes des blessés
La peur qui envahit la ville
Et par delà tout un pays le monde
Pleure poète
Pleure
Quand tu n’auras plus de larmes
Ni de cris
Ouvre-toi les entrailles
Triture ton âme
Ton cœur
Invente-nous des lumières nouvelles
Des aubes où clamer nos amours
Fais-nous grandir au seul souci d’aimer
Écris poète
Écris.
2016-03