Poèmes

Au Musee des Antiques

par Germain Nouveau

Germain Nouveau

Elle veille en sa chaise étroite ;
Quelque roi d'Egypte a sculpté
Dans l'extase et la gravité
Le corps droit et la tête droite.

Moitié coiffe et moitié bandeau,
Fond pur à des lignes vermeilles,
Un pan tourne autour des oreilles,
Sa robe est la prison du
Beau.

Ses yeux, de profonds péristyles
Où ne passe rien de réel,
De toute la largeur d'un ciel
S'ouvrent aux visions stériles ;

Et le menton rit tel qu'un fruit,
Et la joue est une colline ;
Quant à l'aile de la narine,
C'est l'ibis envolé sans bruit.

De l'épaule menue et grasse
Les bras courent le long des reins
Jusques à ses genoux sereins
Que chacune des mains embrasse,

Et le plat des cuisses est tel

Qu'il vous trouble et qu'il vous apaise

Par des attirances de chaise

Et des solennités d'autel !

La fraîcheur du visage antique
Laisse au vague appétit des yeux
Deviner les seins précieux
Dans un pli trop énigmatique,

Et sous l'impur raffinement
D'un profil qu'on rêve à des chèvres,
C'est pour des dieux que vont les lèvres
Souriant indéfiniment.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top